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Rôle de l'énergie nucléaire dans l'action climatique : Perspectives du rapport du GIEC 2022

Dernière mise à jour : 24 juil. 2023


Par le Dr Valérie Masson-Delmotte

Juillet 2023 on Twitter :



Résumé :

Cet article propose une analyse approfondie de l'évaluation récente du rôle de l'énergie nucléaire dans l'action climatique par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). La discussion est basée sur le rapport du GIEC 2022 sur l'atténuation, qui souligne l'importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour atténuer les impacts du changement climatique. Le rapport souligne également la nécessité d'une transition juste qui tient compte des impacts sociaux et environnementaux de toutes les sources d'énergie.


Introduction :

L'intensité carbone de l'électricité, définie comme la quantité de gaz à effet de serre émis par kilowatt-heure (kWh) produit, joue un rôle crucial dans les efforts de décarbonisation. Étant donné la contribution significative de la production d'électricité aux émissions de gaz à effet de serre, le rôle de l'électricité décarbonée dans la transformation des systèmes énergétiques est incontestable. Les sources d'énergie à faible teneur en carbone, y compris les énergies renouvelables (biomasse, solaire, éolien, hydroélectricité, géothermie, océan), le nucléaire et les combustibles fossiles avec capture et stockage, sont de plus en plus utilisées. Notamment, la production d'énergie nucléaire a augmenté de 8,6 % entre 2015 et 2020, représentant 10 % de la production mondiale d'électricité.


Transitions énergétiques rapides :

Plusieurs pays ont démontré la faisabilité de la mise en œuvre de transitions énergétiques rapides. Par exemple, la France et la Suède ont réussi à passer à l'énergie nucléaire, tandis que le Danemark a fait des progrès significatifs dans la production de chaleur et d'électricité. L'Uruguay, quant à lui, a fait des progrès substantiels dans l'exploitation des sources d'énergie renouvelables. Le remplacement des sources fossiles par des énergies renouvelables et nucléaires a conduit à une amélioration de la qualité de l'air dans ces pays.


Avancées technologiques :

Au cours de la dernière décennie, de nombreuses technologies à faible teneur en carbone ont fait des progrès rapides en termes de coût, de performance et d'adoption, renforçant la faisabilité de transitions énergétiques rapides. Les technologies modulaires telles que le solaire, l'éolien et les batteries ont connu une baisse rapide des coûts unitaires et de leur déploiement, bien que leur part reste faible à l'échelle mondiale. Les technologies nécessitant des investissements initiaux plus élevés, comme la capture et le stockage du CO2 (CCS) et le nucléaire, ont été adoptées plus lentement que prévu.


Réductions profondes des émissions :

Pour contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C et proche de 1,5°C, comme stipulé dans l'Accord de Paris sur le climat, des réductions profondes des émissions sont nécessaires. Cela nécessite une augmentation de l'électrification dans les secteurs du bâtiment, des transports et de l'industrie. Toutes les trajectoires compatibles impliquent une augmentation de la production d'électricité (et d'hydrogène) à faible teneur en carbone. Dans un système énergétique à zéro CO2, presque toute l'électricité provient de technologies à faible ou zéro teneur en carbone, avec des proportions variables en fonction des trajectoires de l'électricité produite à partir du nucléaire, de la biomasse, des énergies renouvelables non issues de la biomasse, et des combustibles fossiles avec CCS.


Changements d'investissement :

Une telle transition nécessite une augmentation des investissements au cours des prochaines décennies, en particulier une réaffectation des investissements loin des combustibles fossiles sans CCS, et vers les énergies renouvelables, le nucléaire, la capture et le stockage, les réseaux et le stockage d'électricité, et l'efficacité énergétique. Il existe de multiples trajectoires de décarbonisation, qui peuvent s'appuyer davantage sur les énergies renouvelables, une demande moindre, une utilisation massive de la capture, du stockage et de l'élimination atmosphérique du CO2, ou la durabilité.



Énergie nucléaire :

L'énergie nucléaire est considérée comme stratégique dans certains pays, et d'autres planifient leurs objectifs d'atténuation sans augmenter la production d'énergie nucléaire. Le coût de production de l'électricité nucléaire a tendance à augmenter au cours des dernières décennies, en raison des retards d'approbation et de construction, des exigences accrues en matière de mesures de sécurité passive, qui renforcent la complexité du système. L'accident de Fukushima a conduit à des retards ou à l'annulation de programmes nucléaires dans plusieurs pays. La compatibilité des réacteurs conventionnels avec une grande proportion de renouvelables dans les réseaux doit encore être pleinement évaluée.



Conclusion :

Le développement de l'énergie nucléaire n'est pas une solution miracle, mais c'est l'une des options pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il nécessite une approche globale de la faisabilité, y compris l'acceptation sociale, et une comparaison avec d'autres options de production d'électricité à faible teneur en carbone. Le rapport du GIEC souligne également l'importance de l'efficacité énergétique, de la réduction de la demande d'énergie, et de l'intégration de tous les secteurs (électricité, chaleur, transport, industrie) dans une approche systémique de la décarbonisation. Le rapport souligne également l'importance de prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de toutes les sources d'énergie, et la nécessité d'une transition juste.



Références :

1. GIEC, 2022. Sixième Rapport d'évaluation du Groupe de Travail III.


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